James Baldwin, écrivain et porte parole du mouvement intégrationniste.

 
 






BIBLIOGRAPHIE

Trick Baby
(1967) roman

Pimp
(1969) roman autobiographique

Mama Black Widow
(1969) roman

Long White Con
(1969), roman

The Naked Soul Of Iceberg Slim
(1971) roman

Death Wish
(1977) roman

Airtight Willie And Me
(1979) roman


[1918 - 1992]


Alors que la vie de nombreux proxénètes s'achève en prison, en asile psychiatrique ou sous une rafale de balles en pleine rue, Robert Beck, alias Iceberg Slim, le plus célèbre des Etats-Unis, en faisant part au monde de son expérience, dans un style criant, intransigeant, avec une authenticité qui ne saurait être si sincère et si juste si elle n'avait été vécue, a lui échappé à la fin noire et glauque qui l'attendait, et fait aujourd'hui figure de légende.
Iceberg Slim est aujourd'hui un véritable symbole de la littérature afro-américaine, et l'auteur phare de la génération Hip Hop. "Pimp" est souvent cité comme livre de chevet par de nombreux mc's parmi lesquels Method Man, KRS-One et Ice-T, qui a joué son rôle dans l'adaptation au cinéma. Dans chacun de ses sept romans, Iceberg Slim nous crache une parfaite description des bas-fonds de la société américaine, noire et blanche.

Robert Beck est né à Indiannapolis pendant la première Guerre Mondiale, en 1918, de l'union d'une serveuse et d'un cuisinier afro-américains séparés dès son enfance. Il grandit à Chicago, dans le ghetto, d'où il tire et où il approfondit son expérience du rôle de maquereau. C'est à l'âge de dix-huit ans qu'il adopte son blase en devenant Iceberg Slim, "The Pimp" (maquereau). S'étant fait un nom, il se forge et entretient une solide réputation de caïd. Après plus de vingt ans dans la délinquance, la violence et la criminalité, durant lesquels il a été une figure du proxénétisme, et après plusieurs incarcérations pour divers de ses délits, ce sont dix mois d'isolement dans de terribles conditions, dans une maison de correction en 1960, qui l'ont poussé à mettre fin à cette vie glauque et violente, en écrivant au sujet des ses expériences. C'est donc dans cette cellule de deux mètres carré que le "hors-la-loi" est mort, laissant place à l'écrivain naissant.

A l'âge de cinquante-deux ans, après deux millions de copies de "Pimp" vendues, et un total de plus de huit millions de ventes, il reprend le nom de Robert Beck pour achever sa vie de la manière la plus posée qui soit, auprès de sa femme et de ses deux enfants.
Après sa mort, en 1992, suite à une insuffisance rénale, son œuvre, plusieurs fois rééditée et traduite en cinq langues, lui a permis de troquer la notoriété dans le ghetto contre la célébrité dans le monde.

 

 
 


James Baldwin - La prochaine fois, le feu

JAMES BALDWIN - La prochaine fois, le feu


PIMP

Au dos de l'édition originale de "Pimp", fiction, autobiographie, ou fiction biographique… difficile de le définir, on peut lire : "Il a passé vingt-cinq ans de sa vie en enfer…". Il y décrit les règles de son monde glauque, règle justifiées par la société à laquelle elles s'appliquaient, une société chaotique où un officier de police pouvait coller le canon d'un pistolet sur la tête d'un Noir et prétendre qu'un spasme de l'index avait conduit à l'assassinat d'un innocent, une société où était considéré comme un crime de faire de l'auto-stop et de traverser la rue en dehors du passage pour piétons, et où la détention d'une graine de marijuana pouvait envoyer quelqu'un en prison pour des années… La manière brutale dont le monde de la prostitution et de la rue est décrite fut jugée trop gênante lors de la sortie du roman aux Etats-Unis : les critiques ont ignoré le livre, le New York Times a catégoriquement refusé d'en faire l'annonce. Ce n'est qu'au début des années 70 qu'Iceberg Slim trouve ses premiers lecteurs… dont le nombre va considérablement augmenter au fur et à mesure de son œuvre. "Pimp" est un livre cru, qui sent la sueur, le sexe et les parfums lourds. Il apporte la preuve de la violence qui s'exerçait contre les femmes. Alors que d'autres écrivains noirs niaient ces mauvais traitements, Iceberg, lui, en plus de les décrire, allait jusqu'à reconnaître que lui-même les infligeait. Il y fait aussi la lumière sur la torture et le meurtre des noirs en prison, la mysoginie systématique et meurtrière, la violence physique auxquelles les prostituées étaient confrontées, le rôle manifeste de la police dans le maintien des activités criminelles aux Etats-Unis. En racontant sa propre histoire, il décrit aussi les mauvais traitements sexuels infligés aux enfants... et l'homme qui en est issu. Même si les épisodes de "Pimp" n'ont pas été vécus, la vie qui y est décrite n'est de toutes façons pas le simple fruit de son imagination, il faut donc la retenir comme une vision précieuse de l'existence d'un homme dont la société aurait préféré qu'il meure vaincu et silencieux, et reconnaître qu'il y a une vérité à découvrir dans l'histoire de cet homme, aussi détestable soit-il, à travers sa tentative de devenir quelque-chose : "Le récit de ma brutalité et des artifices que j'ai employés pour arriver à mes fins remplira de dégoût nombre d'entre vous, mais si j'arrivais à sauver ne serait-ce qu'une personne de la tentation de plonger dans cette fange destructrice, si je parvenais à convaincre quelqu'un d'employer sa jeunesse et son intelligence d'une manière plus positive pour la société, alors le déplaisir que j'aurais apporté avec ce livre serait largement compensé...". "Pimp", c'est l'histoire d'un homme écrite dans les profondeurs d'un enfer largement ignoré, dont l'auteur a su dire ce qu'il savait de la vérité.