Rencontre avec Princess Superstar

 

 





Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre une princesse… surtout dans un hôtel Pierre et Vacances à Montmartre ! Et pourtant, c'est ici que je me retrouve face à Princess Superstar. Elle arrive directement de New York pour deux jours ensoleillés à Paris, en plein mois d'août. Présente sur la scène underground depuis quelques années, Princess Superstar est une emcee qui sort de la norme. Son talent le prouve encore avec son nouvel album "Princess Superstar Is", où elle collabore avec Company Flow, Kool Keith et Beth Orton, pour n'en citer que quelques-uns. Elle rappe, elle écrit, elle produit, elle dirige son propre label tout en étant un véritable sex-symbol. Laissons-lui la parole pour nous raconter son histoire, son actualité et son point de vue sur la position des femmes au sein du Hip Hop…

 

 

Cette interview est un peu spéciale pour nous car, depuis que Hip Hop Flow existe, tu es la première artiste femme que l'on rencontre. C'est un peu dingue, non ?

Mortel !

Quelle est ton histoire ? D'où viens-tu, et comment es-tu venue au Hip Hop ?

Je suis née à New York, on a habité à Washington Heights et aussi à Spanish Harlem. Puis, vers l'âge de trois ans mes parents ont voulu que je profite de la nature, donc on a déménagé dans une ferme en Pennsylvanie. Plus tard, on est allés habiter dans la banlieue de Philadelphie, et c'est là où j'ai vraiment entendu du Hip Hop pour la première fois. Au début des années 80, je parcourais les stations de radio, et j'avais vaguement entendu "The Breaks". Et j'en suis tombée amoureuse. En fait, je n'en suis pas tombée amoureuse tout de suite ! Je trouvais ça très bizarre, très étrange. Je me suis dit : "Pourquoi parle-t-il sur la musique ?". C'est le fait que ce soit bizarre qui m'a incité à en savoir plus, et à découvrir ce que c'était vraiment. Mais c'était étrange d'entendre ça pour la première fois. A aucun moment je n'ai pensé que je pourrais le faire moi-même.
Je suis retournée à New York quand j'avais dix-sept ans pour échapper à l'ennui de la banlieue, et j'ai continué à rechercher du Hip Hop mais je n'ai jamais pensé que je pourrais le faire. En fait, j'ai commencé à jouer de la guitare et à faire de la musique. J'ai fait partie d'un groupe avec quelques autres filles pendant un certain temps, j'aimais le rock expérimental et avant-gardiste. En 1993, je me suis mise à rimer, j'étais nulle (rires)! Mais je n'ai pas laissé tomber, et j'ai sorti mon premier disque en 1995 qui s'appelait "Strictly Platinum" et qui comprenait à la fois des éléments hip hop, rock et punk. Et j'ai tout simplement continué.

Ta musique est vraiment originale et très personnelle. Quelles sont tes références musicales et tes inspirations premières ?

Le truc, c'est que je ne suis pas inspirée uniquement par le hip hop. J'ai grandi en écoutant David Bowie, Stevie Wonder, James Brown… Mes parents étaient hippies, et ils écoutaient toujours de la musique superbe à la maison. Et aujourd'hui j'écoute énormément de genres musicaux, mais aussi beaucoup de Hip Hop. Je suis DJ, je ne suis pas un DJ qui fait du scratch mais j'anime des soirées Hip Hop.
C'est cool, parce que quand je cours, quand je fais de la musculation, j'écoute DJ Shadow ou Roni Size, et quand je suis aux platines je vais mettre Missy et Ludacris, ou un peu d'underground comme MF Doom. Quand je suis chez moi, j'écoute de la musique indé pour me relaxer. Je suis très éclectique et je crois que cela se ressent sur mes propres disques.

"Princess Superstar Is" qui est ton quatrième album vient de sortir. Comment te sens-tu ?

En fait, je n'ai jamais été aussi excitée pour un disque. D'abord, musicalement je crois que c'est mon meilleur disque. Je suis sûre que c'est quasiment ce que je voulais faire avec mon disque, même si c'est impossible d'obtenir exactement ce que tu veux. Et puis, maintenant j'ai un label indépendant plus important derrière moi. Avant, j'étais toute seule. Mon premier disque était sorti sur un label indépendant au Canada, mais j'ai ensuite pris la décision de lancer mon propre label et j'ai sorti encore deux de mes disques. C'est vraiment cool d'être underground et indépendant, mais bon je me suis démenée pour y arriver. J'ai toujours travaillé à côté, et aujourd'hui je peux enfin me concentrer davantage sur la musique, et les gens vont désormais y avoir accès. En même temps, je ne veux pas signer avec une major, et je n'ai jamais voulu le faire, même quand il y avait un intérêt de leur part. J'ai voulu me développer en tant qu'artiste et avoir ce contrôle, surtout en tant que femme. Quand tu signes avec une major, tu deviens un peu leur pantin.

Tu as travaillé avec deux autres femmes sur cet album : Beth Orton et Bahamadia. Comment se sont passées ces deux collaborations ?

Avec Beth c'était tout simplement incroyable. Elle a cherché à me contacter en fait, elle avait entendu mon dernier disque et elle m'a dit "Je suis une grande fan de ta musique". J'étais ravie ! Je lui ai suggéré qu'on fasse un morceau ensemble. J'adore cette collaboration, le fait qu'elle soit sur une chanson rap, c'est mortel ! C'était aussi la première fois que j'écrivais avec elle dans le studio, on a vraiment travaillé ensemble. On s'est aidées avec les paroles, je l'ai aidée avec la mélodie et elle m'a aidée avec mes rimes. C'était tout simplement incroyable. Parce qu'elle apporte une énergie que Kool Keith - par exemple - n'apporte pas (rires)! Et, à présent, nos rapports ont évolué, on est devenues des amies très proches.
C'est génial, parce que c'est la première fois que j'ai une amie dans l'industrie - du disque - qui a plus de succès que moi, et on peut donc discuter à propos de tout ça.
Avec Bahamadia, en fait je suis une très grande fan d'elle, parce que je trouve qu'elle essaie vraiment d'apporter quelque chose de différent. Elle a travaillé avec tout le monde, de Roni Size à Herbaliser en passant par DJ Premier. J'adore cette flexibilité, je pense que c'est l'essence de la musique de prendre tous ces éléments nouveaux et les mettre ensemble. J'avais très envie de travailler avec elle et je l'ai rencontrée quand je l'ai interviewée pour un magazine. On s'est bien entendues, je lui ai posé des questions que la plupart de gens ne posent pas - je suppose - étant moi-même une artiste. Et je lui ai demandé de poser sur mon morceau.

 

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