Rencontres 2001 de la Villette à Paris

       

 




Rencontre avec la chorégraphe Max-Laure Bourjolly de la compagnie Boogi Saï.

 

Pourquoi avoir choisi la vidéo pour exprimer la virtualité ?

C'était important pour moi parce que c'était comme ça que je le ressentais. Aussi pour passer d'un monde à l'autre, pouvoir jouer avec l'ambiguïté, il me fallait un autre élément qui n'aurait pas pu être forcément transcrit uniquement en danse. La danse est un support, c'est vrai, mais à des moments on a besoin d'une parole, d'une voix-off, d'un support musical, et on a parfois besoin d'un texte, donc là ça devient le langage, la voix. Puis, à des moments, le troisième élément peut être la vidéo ou l'éclairage qui transcrit des choses. Donc ce sont des moyens d'expression.

C'est également Boogi Saï qui a réalisé la vidéo ?

Pour la vidéo, d'autres gens sont venus nous prêter main forte et ont intégré l'équipe technique de Boogi Saï, donc l'équipe s'est agrandie.


Quelle est la signification des incursions d'écrans d'ordinateur en japonais ?

Les lettres qui défilent sur les écrans sont des codes, c'est comme si ce personnage transmettait des codes et ceux qui étaient sur terre les recevaient. La gestuelle (elle lève ses bras, replie légèrement ses doigts, et les maintient écartés) est traduite par ces mains qui sont comme des antennes, comme le besoin de communiquer ou le besoin de recevoir. Le personnage a besoin d'être quelqu'un, parce que dans le monde réel, il n'est rien, c'est un anonyme, je dirais qu'il est à l'image d'un grand homme, d'un héros, d'un dieu ou d'un manipulateur. Cela peut être aussi tout ce qu'on veut, tout ce que ça peut évoquer. Par contre c'est vrai qu'on a aussi la projection de ce qu'il a décidé et qu'il a en tête, à travers ces images vidéo.


De quelles idées êtes-vous partie pour concevoir les costumes et la musique ?

Par rapport aux costumes, j'ai eu envie de recouvrir complètement le corps des danseurs, pour justement mettre l'accent sur l'anonymat et l'indifférence. La capuche qu'ils ont sur la tête crée une espèce d'ambiguïté, parfois on ne sait pas s'ils sont de face ou de dos, donc cela accentue toujours l'anonymat. Et pourquoi la combinaison ? Parce que cela accompagne la musique qui donne l'impression qu'ils sont dans l'espace. Tous les sons présents sont des sons qu'on pourrait retrouver dans l'espace, des pluies de météorites, par exemple. Cette combinaison donne l'impression qu'ils sont sur Mars, qu'ils sont ailleurs et en même temps, ils sont sur Terre, parce que ça se passe sur Terre. Il n'y a pas de différence non plus entre les hommes et les femmes, ce qui met l'accent une fois de plus sur l'anonymat. Pour moi, c'est très important pour pouvoir justement mettre en valeur le besoin de communication, le besoin d'être libéré.

Quels sont vos projets, "aller toujours plus loin, toujours plus haut" (sic Boogi Saï), et créer une école de danse ?

L'idée serait d'en arriver là et de pouvoir justement créer une école d'art hip hop, avec les différentes techniques, en collaboration avec d'autres partenaires, les autres leaders qui existent dans le hip hop. Qu'on puisse fédérer quelque chose, qu'on puisse s'unir, pour justement créer les choses par nous-mêmes, et ne pas toujours attendre des structures existantes. Et qu'on puisse aussi créer nos propres histoires.


Y aura-t-il des équipes internationales ? Si oui, lesquelles ?

Oui, mais pour ce genre de choses on ne dévoile rien pour le moment (rires).

Et avez-vous une tournée nationale et internationale prévue pour "Virtualité" ?

Pour l'instant, on est vraiment au début du projet et, suite à Blanc-Mesnil et ce qu'on a fait, on est en plein dans la démarche de diffusion.

 

 

Propos recueillis par Drey.K - Octobre 2001
Photos - Lady Lo /Hip Hop Flow